Ne le 5 février 1929 à Oristano, Italie
ACTEUR
Biographie :
Ferribotte!
Michele Ferribotte! Un nom devenu légendaire en Italie. Celui qui le porte dans
le film de Mario Monicelli, "I soliti ignoti" (Le pigeon -1958) c'est
Tiberio Murgia, le (faux) petit sicilien, jaloux et possessif, sentencieux mais
jamais outrancier, les paupières à demi fermées lui donnant un regard
condescendant et, le détail vaut le détour, toujours tiré à "quatre
épingles" tel un prince. Il apparaît comme "un va-nu-pieds"
noble. Tous ces traits ont fait de lui l'un des "types"
caractéristiques les plus populaires du cinéma et de la comédie italienne.
Il
serait difficile de rapporter ici la vie extrêmement compliquée de cet acteur,
aussi, contentons-nous d'en préciser les grandes lignes. D'origine Sarde,
Tiberio Murgia est issu d'une famille pauvre d'Oristano et, très jeune, il
exerce le difficile métier de manoeuvre. A 21 ans, il vend "l'Unité",
le journal du parti communiste italien, dans les rues d'Oristano. Car Tiberio
est inscrit au parti et les cadres de sa hiérarchie ne tardent pas à voir en
lui un meneur de foule. Ils l'envoient à Rome pour parfaire l'idéologie du PCI
et il vivra comme un "Pacha" (sic), durant six mois, aux frais de la
cellule sarde. De retour dans son village, il est nommé secrétaire du PCI puis
il se marie.
Le
malheur de Tiberio, c'est qu'il aime les femmes! Une première idylle avec une
jeune femme mariée du village provoque un scandale. Il est rayé du parti et
fuit sur le continent. Il choisit la Belgique où il travaillera dans une mine
durant quelques temps. Pour une fois, sa passion des femmes lui sauvera la vie.
Se lançant dans une nouvelle idylle avec la femme d'un collègue mineur belge,
il se fait porter malade une nuit pour satisfaire sa passion amoureuse,
lorsqu'une explosion au fond de la mine fait 20 morts dont le mari de sa
maîtresse.
De
retour à Oristano (il n'y restera pas longtemps) une nouvelle aventure avec une
jeune fille lui attire les foudres des villageois en même temps qu'il voit
briller la lame du couteau du prétendant et celles de ses amis. Nouvelle fuite,
à Rome cette fois, où il trouve du travail comme plongeur dans un petit
restaurant du centre ville: "Le roi des amis". Un jour de 1957 alors qu'il
fait la cour à une jeune bonne d'enfants sur la place d'Espagne à Rome, il est
abordé par l'aide assistant à la réalisation de Mario Monicelli. Il le convie à
visiter les studios de la Cinecittà, à faire "un bout d'essai" et le
décide à travailler dans le cinéma.
C'est ainsi
que Tiberio apparaît pour la première fois dans le film "culte" de
Monicelli "Le pigeon" commencé en 1957 et qui sortira en salle en
1958. Curieusement, dès sa sortie, le film est vivement critiqué et notamment
par le journaliste Gian Luigi Rondi. La semaine suivante, c'est avec ferveur
que le même journaliste salue l'excellente prestation de tous les acteurs du
film sans que personne n'y comprenne rien. Il est à noter qu'à l'époque, les
habitants de Sicile ont également vigoureusement protesté contre ce film dont
Tiberio donnait alors une image ridicule du "sicilien".
Dans
ses mémoires, Tiberio écrit "qu'à ce moment de sa vie (il a) complètement
oublié le film". Il a généreusement dilapidé son gros cachet, vivant
richement alors que dans le petit village d'Oristano, sa femme et ses deux
garçons vivent dans la misère. Son épouse fait des petits travaux domestiques
pour survivre. Sans le sou, il est obligé de retravailler durement comme
manoeuvre à la construction du nouvel édifice des Affaires Etrangères à Rome.
Ce sont des passants, dans la rue qui, le reconnaissant, miment ses allures de
sicilien jaloux et lui expliquent, manquant de peu l'empoignade, qu'il est la
vedette du film de Mario Monicelli (sic.) Il reprend aussitôt contact avec le
réalisateur qui lui fait signer en bloc un contrat de 3 millions de lires.
Résultat!
Une filmographie impressionnante: 154 films en quarante ans de carrière et en
dehors de sa participation théâtrale. Malheureusement, il n'a pas cru devoir
faire des choix parmi les scénarii et une soixantaine de films de série
"z" (voir la série des "Soldatessa" ou "La
Commessa" film érotico-voyeur sans aucune valeur) relèvent du pur
grotesque. Une rumeur a couru longtemps dans les couloirs des studios
cinématographiques italiens que Tiberio était une sorte de porte-bonheur, une
mascotte, et que les réalisateurs, tout comme les grands acteurs de son époque
se le disputaient pour l'avoir dans leur casting. Les italiens sont par nature
très superstitieux.
Pour
revenir à des choses plus sérieuses, Tiberio a décidé de devenir acteur à 29
ans sans aucune formation scénique. Comme il le dit lui-même dans une interview
accordée à Guglielmo Maggioni et Francesca Arceri en 2003 : "Il a appris
son métier jour après jour, mais sans trop se poser de questions". Certes,
il est désormais riche et mène "grand train", mais cette voie a
changé sa vie et il en souffrira longtemps. Les gens de son village le
jalousent, ils lui ont tourné le dos et n'acceptent plus sa présence à
Oristano. Cette querelle durera près de 50 ans. Deux générations ne seront pas
de trop pour effacer les velléités et il retrouvera sa place chez lui,
triomphant: il sera reçu comme un "chef d'Etat".
Quoi
qu'on en pense, Tiberio doit beaucoup à Gassman, Sordi, Mastrioanni, Ferzetti,
et Monicelli qui l'ont pris en affection et lui ont appris le métier d'acteur
comme ils l'auraient fait pour un fils. Cependant, et durant toute sa carrière,
il conservera cette image stéréotypée du sicilien machiste et caractériel,
masque derrière lequel beaucoup de critiques de presse on cru voir là son
besoin de cacher ses origines "misérables". On le déguste à petites
doses dans "La grande guerre" de Monicelli et aussi dans "Il giorno più corto"
(Le jour le plus court) dans le rôle du carabinier un peu simplet.
En
2003, il entamait un nouveau film dans un rôle inédit pour lui: celui d'un
prêtre et dans le même temps il remontait sur les planches pour jouer dans une
pièce de Nino Castelnuovo, "La mangradore". Avec son faciès
tragico-comique, Tiberio Murgia reste un solide acteur populaire de second plan
de la comédie italienne mais qui aura finalement été peu utilisé par les
cinéastes français en dehors de Deray, Labro, Girault, et Oury (Le coup du parapluie - 1980) dans le rôle
d'un "homme de main" de la mafia, en compagnie de son compère,
Vittorio Caprioli, chargé lui, d'engager un tueur. C'est à n'en pas douter, une
des raisons pour lesquelles cet acteur truculent n'est connu en France que des
cinéphiles amateurs de cinéma italien.
Filmographie :
1958 - I
soliti ignoti (Le pigeon) de Mario Monicelli
avec
Vittorio Gassman
1959
- Audace colpo dei soliti ignoti (Hold Up à la milanaise) de Nanni Loy
avec
Vittorio Gassman
1959
- Costa Azzurra (Côte d'Azur )
de Vittorio Sala
avec
Alberto Sordi
1959
- Du rififi chez les femmes
d’Alex Joffé
avec
Robert
Hossein
1959
- Il raccomandato di ferro de
Marcello Baldi
avec
Franca Marzi
1959
- Il terrore dell'Oklahoma (La
terreur de l’Oklahoma) de Mario Amendola
avec
Valeria Moriconi
1959
- La cento chilometri (Les cent
kilomètres) de Giulio Petroni
avec
Marisa Merlini
1959
- La Grande guerra (La
Grande guerre) de Mario Monicelli
avec
Vittorio Gassman
1959
- Le cameriere (La bonne) de
Carlo Ludovico Bragaglia
avec
Valeria Moriconi
1959
- Uomini e nobiluomini (Hommes
et messieurs) de Giorgio Bianchi
avec
Antonio Cifariello
1960
- La regina delle Amazzoni (La reine d’Amazonie) de Vittorio Sala
avec
Alberto Farnese
1960
- A qualcuna piace calvo de
Mario Amendola
avec Magali
Noël
1960
- Genitori in Blue-Jeans de
Camillo Mastrocinque
avec
Peppino De Filippo
1960
- I Baccanali di Tiberio de
Giorgio Simonelli
avec
Ugo Tognazzi
1960
- I Teddy boys della canzone de
Domenico Paolella
avec
Delia Scala
1960
- Il carro armato dell'8 settembre
(Le Char d’assaut du 8 septembre) de Gianni Puccini
avec
Gabriele Ferzetti
1960
- Juke box urli d'amore de Mauro
Morassi
avec Marisa
Merlini
1960
- Le ambiziose (Les ambitieux)
de Tony Amendola
avec
Marisa Merlini
1960 - Los
dos rivales (Les deux rivales) de Miguel Zacarías
avec Antonio Aguilar
1960 - Tu
che ne dici? (Qu’est-ce que tu en dis?) de Silvio Amadio
avec Ugo Tognazzi
1961
- Bellezze sulla spiaggia (Les
beautés sur la plage) de Romolo Girolami
avec
Walter Chiari
1961
- Cacciatori di dote de Mario
Amendola
avec
Raimondo Vianello
1961
- Che femmina... e che dollari! (Parle-moi d’amour) de Giorgio
Simonelli
avec Jacques Sernas
1961
- Ferragosto in bikini de Lucio
Fulci
avec
Walter Chiari
1961 - I
soliti rapinatori a Milano (Les voleurs habituels à Milan) de Giulio
Petroni
avec Franco Fabrizi
1961
- L’onorata società (L’honorable
société) de Riccardo Pazzaglia
avec
Rosanna Schiaffino
1961
- La ragazza sotto il lenzuolo
de Marino Girolami
avec
Raimondo Vianello
1961
- Mariti a congresso (Les maris
en congrès) de Luigi Filippo D'Amico
avec
Walter Chiari
1961
- Maurizio, Peppino e le
indossatrici de Filippo Walter Ratti
avec
Mara Berni
1961
- Mina... fuori la guardia d' Armando
W. Tamburella
avec
Aroldo Tieri
1961
- Rocco e le sorelle (Rocco et
ses soeurs) de Giorgio Simonelli
avec
Memmo Carotenuto
1961
- Vacanze alla baia d'argento de
Filippo Walter Ratti
avec
Anthony Steel
1962
- Canzoni a tempo di twist de Stefano
Canzio
avec
Gino Bramieri
1962
- I Dongiovanni della Costa Azzurra
(Les Don-Juan de la Côte d’Azur) de Vittorio Sala
avec
Gabriele Ferzetti
1962
- Il giorno più corto (Le jour
le plus court) de Sergio Corbucci
avec
Franco Franchi
1962
- Il mio amico Benito (Mon ami Benito) de
Giorgio Bianchi
avec
Peppino De Filippo
1962
- Il tiranno di Siracusa - Damon e
Pitias (Le tyran de Syracuse) de Alberto Cardone
avec
Liana Orfei
1962
- Nerone 71 de Filippo Walter
Ratti avec Marisa Merlini
1962
- Pesci d'oro e bikini d'argento
(Poissons d’or et bikini d’argent) de Carlos Velo
avec
Nino Taranto
1963
- Canzoni in... bikini (Chansons
en bikini) de Giuseppe Vari
avec
Maria Grazia Buccella
1963
- Divorzio alla siciliana
(Divorce à l’italienne) d' Enzo Di Gianni
avec
Marcello Mastrioanni
1963 - Follie
d'estate (Les folies de l’été) d' Edoardo Anton
avec Ugo Tognazzi
1963
- La Ragazza che sapeva troppo
(La femme qui en savait trop) de Mario Bava
avec
Valentina Cortese
1964
- Fontana di Trevi (La fontaine de
Trevise) de Carlo Campogalliani
avec
Maria Grazia Buccella
1964
- Il treno del sabato de
Vittorio Sala
avec Anthony Steel
1964
- Tre notti d'amore (Trois nuits
d’amour) de Luigi Comencini, Franco Rossi et Renato Castellani
avec
Enrico Maria
1965
- Cadavere a spasso (Un cadavre
en promenade) de Marco Masi
avec
Pietro De Vico
1965 - Le
Gendarme à New York de Jean Girault
avec Louis de Funès
1966
- Caccia alla volpe de Vittorio
De Sica
avec
Paolo Stoppa
1966 - Il
Santo prende la mira (Le Saint prend l'affût) de Christian-Jaque
avec Jean Marais
1966 - L'homme
de Marrakech de Jacques Deray
avec Claudine Auger
1967
- Io non protesto, io amo de
Ferdinando Baldi
avec
Enrico Montesano
1967
- Ric e Gian alla conquista del West
(Ric et Gian à la conquête du Far West) de Osvaldo Civirani
avec
Francesco Mulé
1968
- Colpo di sole (Coup de soleil)
de Mino Guerrini
avec
Antonella Steni
1968
- La ragazza con la pistola (La
fille au revolver) de Mario Monicelli
avec
Monica Vitti
1969
- Mercanti di vergini (Les
marchands de vierges) de Renato Dall'Ara
avec
Nino Castelnuovo
1969
- Una ragazza di Praga (Une
fille de Prague) de Sergio Pastore
avec
Franco Citti
1970 - L’homme
orchestre de Serge Korber
avec Louis De Funès
1971 - All'ovest
di Sacramento (Le juge) de Richard Owens
avec Robert Hossein
1971
- I due assi del guantone de
Mariano Laurenti.
avec
Umberto D'Orsi
1971
- I Due maghi del pallone de
Mariano Laurenti
avec
Franco Franchi
1971
- La poudre d'escampette de
Philippe de Brocca
avec
Michel Piccoli
1971
- Ma che musica maestro de
Mariano Laurenti
avec
Agostina Belli
1972
- Anche se volessi lavorare, che
faccio? de Flavio Mogherini
avec
Adriana Asti
1972
- La bella Antonia, prima Monica e
poi Dimonia de Mariano Laurenti
avec
Edwige Fenech
1972
- Le Notti peccaminose di Pietro
l'Aretino de Manlio Scarpelli
avec
Adriana Asti
1973
- Docteur Caraïbes sérieTV de
Bunz
1973
- I giochi proibiti dell'Aretino
Pietro (Les jeux interdits) d’Aretino Pietro (épisode n° 4) de Luigi Russo
avec
Femi Benussi
1973
- Il figlioccio del padrino de
Mariano Laurenti
avec
Saro Urzì
1974
- I sette magnifici cornuti (Les
sept cocus magnifiques) de Luigi Russo
avec
Femi Benussi
1974
- Quattro marmittoni alle grandi
manovre (Quatre bleus aux grandes manoeuvres) de Franco Martinelli
avec
Lino Banfi
1975 - Il gatto mammone de Nando Cicero
avec
Rossana Podestà
1975
- La commessa de Riccardo
Garrone
avec
Femi Benussi
1976 - El
taxista de señoras (Le taxi de ces Dames) de Sergio Bergonzelli
avec Màximo Valverde
1976 - La
sposina (La jeune mariée) de Sergio Bergonzelli
avec Carlo De Mejo
1977
- La soldatessa alla visita militare
de Nando Cicero
avec
Edwige Fenech
1977
- La vergine, il toro e il
capricorno (Lâche-moi les jarretelles) de Luciano Martino
avec
Edwige Fenech
1977 - Per amore di Poppea de Mariano Laurenti
avec
Maria Baxa
1978 - La soldatessa alle grandi manovre (La
toubib aux grandes manoeuvres) de Nando Cicero
avec
Edwige Fenech
1978
- Quando c'era lui...Caro Lei de
Giancarlo Santi
avec
Paolo Villaggio
1979
- L’albero della maldicenza de
Giacinto Bonacquisti
avec
Leopoldo Trieste
© Louis AUBERT pour Les Gens du Cinéma (mise à jour 26/09/2006)